La vie de couple est semée d’embûches, au point même que c’est à se demander si elle est humainement possible… quand on s’aime ! Alors imaginez un peu, lorsque survient une crise, une trahison, un deuil, la maladie, la vieillesse ou cette aventure nouvelle qui vous tend les bras, pourquoi s’encombrer d’un conjoint ? Lili Sans-Gêne a sur le sujet des idées bien arrêtées. Jean et Véronique réussiront-ils à la convaincre du contraire ?

 

LE DÉBAT ENTRE LILI SANS-GÊNE ET JEAN ET VÉRONIQUE, RESPONSABLES DE RETROUVAILLE FRANCE

Retrouvaille est un mouvement d’Église, né au Québec et présent dans le monde depuis 1977, qui a déjà accueilli plus de 120 000 couples en difficulté. Retrouvaille est le chemin pour rétablir le dialogue, retrouver confiance et espoir dans le mariage. Retrouvaille s’adresse également aux prêtres, religieux et religieuses, qui souhaitent aider les couples ou revisiter leur propre relation sponsale avec l’Église.

« Mieux vaut vivre seul que mal accompagné » et l’erreur est humaine. Pourquoi persévérer si je me suis trompée de conjoint ?

Si l’erreur est humaine, elle est remédiable, avec nos moyens, nos convictions et nos décisions ! S’engager est un choix et, comme tout choix, l’engagement conjugal comporte sa part d’inattendu, sa part d’inconnu et de risques.

Si mon sentiment est que je me suis trompé, c’est le moment d’interroger le choix que j’ai fait, de le questionner pour comprendre aussi ce qui m’a motivé, en quoi je suis partie prenante de ce choix. Persévérer, c’est apprendre, se donner d’autres opportunités de mieux faire : « L’avenir le dira. » À condition de laisser place à l’à-venir !

L’avenir, l’avenir, facile à dire quand on a passé de bons moments, mais que le sentiment amoureux n’est plus là ! Dans ce cas je pense qu’il vaut mieux se séparer avant de se faire du mal.

Le sentiment amoureux est éphémère et l’amour durable ne se résume pas au sentiment amoureux. L’amour nécessite de se projeter au- delà du romantisme initial, pour mettre notre histoire en perspective.
L’amour se construit, il se renouvelle dans l’expérience et les situations de la vie, parfois même dans la douleur. Se séparer est une douleur, un sentiment de vanité toujours difficile à surmonter.

Si j’avais des enfants, je préférerais divorcer que de leur faire subir un couple qui se dispute.

Notre expérience avec les couples qui s’engagent dans la démarche Retrouvaille est que le conflit est au cœur de la relation conjugale. Envisager le conflit comme une confrontation saine, à la recherche d’une résolution (même un compromis momentané, pour éviter une dispute qui se répète), fait grandir le couple. Les enfants en sont témoins ! Ils constateront que, malgré les disputes, la relation est fiable et peut garder son cap.

Le plus beau cadeau à faire à nos enfants reste l’amour réciproque que leurs parents voudront entretenir…

Concernant les enfants, je veux bien, mais attendez : on n’a qu’une vie ! Je ne vois pas pourquoi je devrais supporter des décennies un mari qui ne veut plus faire d’effort ! C’est ainsi : on change, on évolue…

La condition du succès de Retrouvaille, celle d’un couple qui dure, est l’engagement sincère de chaque conjoint dans une démarche de reconnaissance mutuelle, d’accueil et d’ouverture aux efforts de l’autre. Un triple postulat doit nous guider : s’ouvrir, avec honnêteté et volonté, pour revisiter notre engagement initial, remettre l’ouvrage sur le métier. « Se marier est l’affaire d’un jour, le rester est l’effort d’une vie », il nous appartient de travailler à notre relation.

L’honnêté, je vous suis cinq sur cinq à ce sujet : si mon mari osait me tromper, je ne pourrais jamais lui pardonner !

Le pardon est une nécessité, un enjeu au cœur de toute relation que l’on souhaite durable. Ce n’est pas seulement parce que le pardon est une prescription de l’Église, mais parce qu’il produit de la confiance, un carburant indispensable à nos relations conjugales ou amicales. Il renouvelle l’engagement, permet de dépasser une blessure et resserre le lien. Le désir de pardonner vient confirmer qu’on reste engagé dans la relation.

Rester engager avec quelqu’un qui vous a fait du mal, menti ou trompé, c’est niet ! Les relations brisées puis recollées auront toujours un arrière- goût de réchauffé, très peu pour moi…

Il y a plusieurs vies de couple au sein d’un même couple ! La relation évolue et, plus elle dure, plus elle peut s’enrichir et se transfor- mer. Dans la cuisine authentique, réchauffer un plat est gage de nouvelles saveurs ! Se réchauffer aussi souvent que nécessaire n’est pas négatif, surtout si on croit au couple vivant, au « couple durable » !

Plus sérieusement, je ne peux considérer l’autre en fonction de moi, celui qui me « doit » le bonheur. Même un 50/50 n’est pas suffisant (en plus de poser la question affective au seul plan de la comptabilité !). Chacun se donne à 100 % pour faire vivre la relation et donner sens au mariage.

Si mon futur mari ne s’engage pas à 100 % j’aurai l’air de quoi ?

Tout le monde dira que nous étions mal assortis, que c’est bien fait pour moi, que j’aurais dû les écouter !Le rôle des tiers, bien intentionnés mais rarement légitimes, est à considérer avec prudence. Ce qui est en jeu, c’est plus que la relation conjugale, c’est l’avenir du foyer, le potentiel de notre famille. Les parents, les proches ne peuvent résoudre nos difficultés à notre place. Encore moins discerner ce qui est en jeu, ou prendre la décision d’aimer (ou de nous séparer) à notre place.

Tenir un engagement est le choix de ma vie, l’arbre se juge à ses fruits !

Et si ça ne marche plus, se séparer ne vaut-il pas mieux pour tout le monde ?

Pour tout le monde ? Sans doute n’a-t-on pas posé la question à chacun… La relation conjugale est le ferment d’un foyer, d’une famille originale qui se construit. Notre relation de couple est la source unique à laquelle nos enfants puiseront, pour développer leur propre vie affective. Encore une fois, notre amour est un témoignage vivant, le seul qui vaille pour notre famille. Dieu est présent là où nous sommes deux, son amour est plus fort que le nôtre. À nous de l’invoquer et de faire fructifier un don qui nous dépasse, l’amour qu’il nous donne en partage…

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