Dieu veut-il vraiment notre bonheur ?
Débat. Dans son dernier livre, le chanteur Grégory Turpin nous invite à mettre plus de prière dans notre quotidien pendant 40 jours afin de transformer notre vie… Cela tombe bien, puisque le carême approche, se dit Lili Sans-Gêne. C’est le temps des petits sacrifices et des grandes résolutions, alors pourquoi pas celle-ci ? Le seul inconvénient, c’est qu’elle ne croit pas un seul instant à l’intervention de Dieu dans son existence ! Grégory réussira-t-il à la convaincre du contraire ?
LE DEBAT ENTRE LILI SANS-GÊNE ET GREGORY TURPIN
1 Je veux bien tenter d’inviter Dieu dans ma vie, mais je vous préviens, je n’y crois pas un seul instant ! Dans la vie, on ne peut compter que sur soi, personne n’est là pour vous tenir la main ou vous faire des compliments…
Vous avez parfaitement raison, ma chère Lili ! Qui n’a jamais ressenti cette douloureuse expérience de ne pas être aimé autant qu’il aime, de ne pas être reconnu à sa juste valeur ? Qui n’a jamais déployé d’énormes efforts pour être apprécié et ne pas déplaire aux autres ? Avouez que c’est éreintant ! Le plus grand amour qui soit est gratuit et inconditionnel. Pour moi, c’est l’amour de Dieu. Dans la Bible, on l’appelle « miséricorde » : un attachement profond pour quelqu’un, le désir de ne vouloir que le meilleur pour lui. Croyez-moi, c’est exactement ce que Dieu veut pour vous comme pour moi !
2 Qui vous dit que Dieu s’intéresse vraiment à moi ?
On ne va pas se mentir. Il m’arrive à moi aussi de penser que Dieu ne m’entend pas, qu’il n’est pas là. Et pourtant si, il est là, plus que jamais. Ce Dieu aimant entend notre cri, notre souffrance. La meilleure preuve, c’est qu’il a envoyé son fils, Jésus, qui a été crucifié par amour pour nous. Jésus, dans chaque parole de sa vie, chaque guérison, chaque geste de compassion, nous montre concrètement que Dieu est présent.
Je ne comprends pas toujours les silences de Dieu, surtout à l’heure où j’ai le plus besoin de réponses, mais je peux tendre l’oreille en lisant sa parole, en étant à l’écoute de ceux qui m’entourent, en faisant silence. Il saura me faire comprendre ce qu’il veut pour moi. Vous craignez de ne pas mériter cet amour de Dieu pour vous ? Vous apprendrez, par la prière, l’amour miséricordieux que Dieu vous porte.
3 La situation n’invite pas vraiment à cette patiente introspection !
Alors j’ai un remède pour vous : si vous vous sentez triste et déprimée, la louange est le plus puissant des antidépresseurs ! Si vous vous sentez bien, la louange renforcera votre joie. Il vous faut apprendre à voir qu’au milieu de tout ce qui vous semble aller mal, il y a de multiples raisons de se réjouir, petites ou grandes.
Je suis le premier à reconnaître que je suis bien incapable d’aimer les autres. Dans la louange, je m’abandonne et je peux aimer sans rien attendre en retour. Elle fait entrer la charité dans mon cœur et me libère de mes égoïsmes. Elle me libère de la honte et de l’orgueil et m’invite à quitter le cercle vicieux de la plainte, de la tristesse, du mécontentement, pour entrer dans la joie. Elle est l’expression de ma gratitude pour tout ce qui m’entoure, ma vie, mon environnement, proche ou lointain.
4 Navrée, mais tout ça me passe un peu au-dessus de la tête. Je suis plus cartésienne que vous. Prouvez-moi que Dieu agit vraiment.
Quelle est la plus grande qualité humaine ? La raison ! Dieu se dévoile par les textes sacrés et par l’exercice de notre intelligence. Nul besoin d’être savant ni d’avoir une culture religieuse étendue pour ouvrir l’Évangile… Il suffit de savoir lire. Com- mencez par une lecture lente de la Bible, à haute voix, dans le silence. Vous découvrirez un Dieu qui ne vous laissera pas insensible et la conversation va s’amorcer toute seule. En méditant sur les gestes posés par Jésus au long de sa vie terrestre, vous apprendrez petit à petit à l’imiter, à vous poser la question : « Et là, qu’aurait fait Jésus ? »
Il faut lire sans hâte : c’est une ouverture au texte et non une conquête. Écoutez ce que le texte a à vous dire, laissez-vous interpeller par la lecture. Ne vous découragez pas, laissez-vous surprendre par une parole vivante et qui veut vous dire tout l’amour que Dieu a pour vous.
5 Et après ? Comment puis-je entretenir ce tête-à- tête avec ce Dieu qui me veut tant de bien ?
La vie chrétienne ne consiste pas à s’acquitter d’un certain nombre de devoirs et d’obligations. Si, comme moi, vous aspirez à plus que cela, c’est la parole de Dieu qui donnera du sens et de la constance à vos actes. Lorsque la parole nous accompagne, elle nous nourrit et nous conduit à une rencontre personnelle avec ce Dieu vivant et vrai. Nos gestes quotidiens ne sont plus une accumulation de « bonnes actions » accomplies « parce qu’il le faut ». Notre vie se transforme en un acte d’amour.
6 Qui me dit que ça va durer ? Que Dieu ne va pas me laisser tomber comme une vieille chaussette au bout de quelques jours ?
L’important, c’est de tenir bon. Comme toutes les bonnes résolutions, votre pratique de la lecture de l’Évangile ou de la prière sera soumise à de multiples découragements. C’est normal. Le chemin vers Dieu fait de nombreux virages et parfois des détours. Ne vous laissez pas décourager, persévérez. Dieu vous attend et se réjouit de vos détours.
Il nous demande de nous présenter devant lui comme des enfants. Thérèse de Lisieux estime que c’est la voie la plus droite et la plus courte pour aller à Dieu : « L’ascenseur qui doit m’élever jusqu’au Ciel, ce sont vos bras, ô Jésus ! Pour cela, je n’ai pas besoin de grandir, au contraire, il faut que je reste petite, que je le devienne de plus en plus. » C’est la « voie d’enfance spirituelle ». Elle est accessible à tous.
Vous devez apprendre à ne pas compter uniquement sur vos mérites, mais espérer en Dieu. Voyez comme c’est reposant : vous n’avez plus à vous fatiguer à vouloir tout maîtriser et tout réussir. Il vous suffit de faire confiance à celui qui veut agir dans votre vie pour la réaliser pleinement. Ne vous découragez plus, laissez-vous aimer concrètement.
7 Et si je ne suis toujours pas convaincue ?
Vous doutez ? C’est bon signe ! « Il doute plus profondément, celui dont la foi est plus profonde », disait saint Pierre Chrysologue. La foi est une grâce mais elle n’est pas irrationnelle : elle sollicite l’intelligence et la volonté. Loin d’une croyance superstitieuse ou magique, elle se nourrit de notre discernement, de nos questionnements et de nos doutes. Notre monde peut sembler bien loin de la justice, de la paix, de la miséricorde et de l’amour, mais aucune des situa- tions dont nous sommes les témoins n’est définitive. Pour moi, espérer, c’est croire que l’amour est plus fort que toute autre chose. Cela change mon regard sur les difficultés. Je cherche à faire de tout ce qui m’arrive une occasion d’aimer. Ça n’ira peut-être pas mieux demain mais j’ai la certitude que Dieu sera toujours présent.
POUR ALLER PLUS LOIN
Grégory TURPIN est le premier artiste chrétien signé par le prestigieux label Universal, Grégory Turpin a passé une année de noviciat au Carmel de Montpellier, avant d’en sortir pour de sérieux ennuis de santé. Il va affronter la dépression, l’addiction à la drogue, l’internement en hôpital psychiatrique, la rédemption… Depuis plus de vingt ans, il s’engage pour l’inclusion des personnes atteintes d’un handicap, des plus démunis ou la défense des Chrétiens d’Orient… Il a enregistré pas moins de sept albums dont quatre en solo et a publié de nombreux ouvrages de spiritualité.
Petit guide pour une vie transformée. 40 jours pour mettre la prière dans son quotidien Grégory Turpin, Éditions Première Partie, 2021 (nouvelle édition), 222 pages, 14,90 €.