Une vie harmonieuse à deux se construit par un travail quotidien. En premier celui du dialogue. Alors, si l’espérance de vie du couple peut dépasser un demi-siècle, mieux vaut partir sur de bonnes bases et apprendre l’art de la communication !
Quatre clés pour: Construire un dialogue fécond
Construire un couple heureux passe par une bonne communication. Quelques conseils.
1 Connaître les techniques de communication de couple. Le plus important est d’avoir une attitude de fond de bienveillance à l’égard de son conjoint, se donner du temps (prendre des RV, sur l’agenda si nécessaire), apprendre à écouter et à s’écouter : par exemple, quand son conjoint parle, l’écouter jusqu’au bout avant de commencer à préparer sa réponse. On peut s’écrire pour se dire les choses plus librement. Un couple gagne aussi beaucoup à apprendre à gérer les conflits. Ne pas oublier de dire à l’autre « Je t’aime », lui montrer son admiration, lui faire des compliments. Se demander pardon quand on s’est blessé. Il est nécessaire aussi de savoir prendre du recul par rapport aux difficultés, d’éviter de dramatiser notamment grâce à l’humour.
2 Choisir de se parler. Prendre du temps à deux. Se dire merci pour tous les événements – petits et grands – de la vie quotidienne. Ne jamais considérer votre conjoint comme un adversaire mais comme un ami qui vous veut du bien. Prendre soin de l’autre et développer le plaisir de le faire. Ne pas craindre les conflits sur le fond, mais les aborder avec calme en continuant de rechercher une solution. Se faire aider en cas de problèmes trop difficiles à surmonter.
3 Aborder les sujets essentiels. Il est fondamental d’échanger sur les valeurs de chacun, morales et spirituelles, la vie familiale, le travail, l’argent, la santé, la vie sociale et les loisirs, les goûts, la vie domestique et, bien sûr, la sexualité. Pour tous ces sujets, chacun veillera à être respectueux de l’autre en évitant une approche blessante. Certains sujets restent, de manière générale, plus difficiles que d’autres à aborder. Cela dépend des couples mais, souvent, parler de la belle-famille, des enfants, de l’argent et de la sexualité est plus délicat, voire franchement difficile et source de conflit… Il faut toujours aborder les sujets qui fâchent avec l’espoir d’une solution.
4 Aider son conjoint à communiquer. Tout d’abord, je dois me demander si mon conjoint communique mieux avec d’autres personnes qu’avec moi et analyser le pourquoi de cette différence, puis regarder quelle pourrait être ma part de responsabilité. Ensuite, chercher à en découvrir la raison : vieilles rancunes, peur de se faire agresser, d’être déstabilisé, d’être mis en défaut, d’être contredit, (trop) grande sensibilité, personnalité fragile, etc. Parfois, il faut savoir aussi ne pas aborder tel ou tel sujet à tel moment et attendre le bon moment. Pourquoi pas le provoquer avec habileté, si nécessaire. Mais la communication peut s’apprendre… à condition d’avoir pris conscience qu’on en a besoin ! On pourra, pour s’aider, se référer à la littérature spécialisée, faire des exercices, participer à un week-end d’écoute et de communication.
Marie-Noël Florant Marche
Conseillère conjugale et familiale et diplômée de sexologie. Elle exerce à Paris et en banlieue parisienne dans le cadre du CLER Amour et Famille et du Cabinet Saint Paul. Elle est mariée depuis 39 ans et mère de six enfants. Le CLER est une association chrétienne qui regroupe conseillers conjugaux et familiaux, moniteurs en méthodes naturelles, etc.
Témoignage couple : « Nous étions devenus des étrangers »
À force de ne pas dialoguer, Quentin et Adèle ont vécu l’adultère. Au bout de quelques années de vie commune, nous avons doucement pris l’habitude de ne plus évoquer que des choses générales et du quotidien. Par ailleurs, la belle-famille prenait trop de place dans notre couple et nous n’arrivions pas à en parler sereinement. À force, nous avons accumulé les non-dits, les mensonges, les incompréhensions. Nous avons établi une forme de communication « non efficace » : cris, larmes, disputes… Nous sommes devenus des étrangers l’un pour l’autre. L’un de nous a fini par ne plus se sentir aimé. Et à chercher l’amour ailleurs. L’adultère nous a mis face à un choix : nous séparer ou nous faire aider. Nous avons tous les deux eu le désir de sauver notre couple et notre famille. Aussi nous avons décidé de rencontrer des conseillers conjugaux. Grâce à eux, nous avons appris à dialoguer en vérité. Chaque soir, nous parlons de la manière dont nous avons vécu notre journée. Nous faisons participer l’autre à notre vie. Pour créer cet espace de parole, nous avons même cessé de regarder la télévision. Nous avons aussi pris l’habitude de passer une soirée par semaine tous les deux ainsi qu’un week-end par mois. Nous partons aussi une semaine par an à deux. Ce qui nous a sauvés, c’est d’avoir pris la décision de changer les choses en nous faisant accompagner. Nous avons aussi été patients. Il faut du temps pour réparer les blessures…
Pour aller plus loin:
Les couples heureux ont leurs secrets, J.M. Gottman, Pocket, 2006
Conseils aux couples qui s’aiment et qui peinent, Denis Sonet, Edifa-Mame, 2005
Les langages de l’amour, Gary Chapman, Farel, 2005
L’amour dans l’impasse, Gary Chapman, Farel, 1999
Le CLER, amour et famille : www.cler.net
Elle&Lui, Un couple ça se construit : www.elleetlui.org
Amour et vérité : www.amouretverite.org[/tab]
Dialogue conjugal
« [Il] doit trouver son espace et son rythme propre où chacun est disponible à l’autre pour partager ce qu’il vit en profondeur, en dehors du récit anecdotique des petits faits de la vie courante. Les dimensions du partage recouvrent bien sûr l’expression des sentiments, du ressenti, des inquiétudes, des souffrances, des blessures, des espérances, des attentes personnelles ou mutuelles, des réflexions… mais aussi de la tendresse, de la joie, de la complicité et de l’humour. »
Alex et Maud Lauriot Prevost, L’Évangile pour le couple, Le bonheur fondé sur le roc, Sarment, 2004 [/tab]
Parole de sagesse
« Si tu me dis un jour que tu es fatigué, je me ferai repos.
Si tu me dis un jour que ma présence te pèse, je me ferai silence.
Si tu me dis un jour que mon visage te lasse, je me ferai beauté.
Si tu me dis un jour que ton amour s’envole je me ferai désir.
Si tu me dis un jour : j’ai faim de tes baisers, je me ferai tendresse.
Si tu me dis toujours tes ennuis, tes tracas, je me ferai écoute.
Mais si tu ne me dis rien ? »
Cité par Denis Sonet dans Découvrons l’amour, Droguet & Ardant, 1990