Lors de l’incendie de Notre-Dame de Paris, une prière pour lutter contre le feu a fait le tour des réseaux sociaux, prière commandant au feu de reculer. Sans le savoir, de nombreux catholiques ont, en disant ce texte, quitté la vraie prière pour entrer dans la magie, prétendant par cette prière commander au feu et ne se soumettant pas à Dieu dans une vraie confiance.

La magie est désormais omniprésente dans notre société occidentale. Elle prend des formes très variées, et notre exemple introductif montre qu’il est très facile de ne pas l’identifier immédiatement. Nous souhaiterions donc expliciter la différence entre la magie et la prière, deux réalités, en fait, strictement opposées l’une à l’autre.

La magie est une soumission des forces surnaturelles à notre demande

La magie est aussi vieille que l’humanité. Elle est la réponse à l’insécurité ressentie face à l’inconnu. La magie est une technique par laquelle nous prétendons exercer un pouvoir sur des forces naturelles pour obtenir un bienfait. Elle se traduit souvent par un échange, un contrat, avec un être surnaturel identifié comme étant un ange, un démon, un esprit-guide, une entité, une énergie, etc. Un rituel est effectué en vue d’obtenir un bien ou de provoquer une nuisance à autrui. Le respect scrupuleux de ce rituel est essentiel pour être entendu par l’être surnaturel. Souvent, plus que le sens des termes, c’est le son des mots prononcés qui sera important pour que le sortilège fonctionne. Ces gestes et paroles fonctionnent comme un signal adressé à l’invisible, témoignant ainsi à son égard d’une soumission mortifère. Le praticien doit, pour pouvoir agir, avoir été initié, initiation qui peut être complexe, dans le cadre de la sorcellerie, ou très simple, se traduisant par exemple par la transmission d’une formule secrète (contre la brûlure, les verrues, etc.).

La magie a souvent été confondue avec la vie religieuse et la distinction entre magie et prière n’a pas toujours été facile. Dans l’Ancien Testament, Saül va interroger Samuel, déjà mort, par l’intermédiaire d’une nécromancienne. Dans le Nouveau Testament, saint Paul est confronté à la magie à Éphèse. Suite à sa prédication, les habitants de cette ville réputée pour sa magie apportent leurs livres occultes et les brûlent car la magie représente un obstacle dans la rencontre avec le Christ (Actes des Apôtres 19).

Ces pratiques sont encore très actuelles. On trouve parfois dans des bibliothèques familiales le livre de « prières » de l’abbé Julio, ouvrage de magie s’il en est, ou le « Grand Albert ».

Malgré des apparences bienfaisantes, la magie est toujours mauvaise au plan spirituel

Aujourd’hui la magie revêtira des formes plus modernes et moins immédiatement identifiables. On parlera de magnétisme, de fluide, d’énergie, etc. Le Reiki en est un bon exemple, pratique où il s’agit de soigner à l’aide de « l’énergie cosmique », le praticien ayant été initié pour pouvoir le faire. La figure de la sorcière aussi a évolué. Elle est devenue très en vogue, apparaissant comme l’icône d’une femme libérée du patriarcat oppresseur et proche de la nature. Le nez crochu, le balai et le chapeau noir ne sont plus de mise. De nombreuses séries la mettent en valeur. Elle est devenue acceptable socialement, l’odeur de la sauge blanche, utilisée dans certains rituels de purification, ayant fait oublier celle du soufre.

Dans la magie, la personne sollicite le démon, souvent sans le savoir, pour que celui-ci agisse sur la nature dont il connaît toutes les ressources, bien au-delà de ce que nous en connaissons. Par la magie, un contrat est établi avec le démon. Nous lui demandons un bien. Il est en droit ensuite de nous réclamer son dû. Or celui-ci n’a qu’un désir : nous nuire.

Le catéchisme de l’Église catholique nous rappelle le caractère néfaste de la magie : « Toutes les pratiques de magie ou de sorcellerie par lesquelles on prétend domestiquer les puissances occultes pour les mettre à son service et obtenir un pouvoir surnaturel sur le prochain, – fût-ce pour lui procurer la santé, sont gravement contraires à la vertu de religion. Ces pratiques sont plus condamnables encore quand elles s’accompagnent d’une intention de nuire à autrui ou qu’elles recourent ou non à l’intervention des démons. » (Catéchisme de l’Église Catholique n° 2117)

La prière, au contraire, est une relation d’amour

La prière est aux antipodes de la pratique de la magie. Elle est un élan du cœur vers Dieu, une remise de soi confiante au Père. Le Notre Père nous enseigne sur ce qu’est l’authentique prière. Elle est d’abord une confession de foi (Notre Père qui est aux Cieux), puis une louange (que ton nom soit sanctifié), un désir de voir advenir le règne de Dieu, et pour cela que sa volonté, et non la mienne, soit faite. C’est alors et seulement alors qu’on adresse à Dieu notre demande. Il ne s’agit donc aucunement d’une transaction.

Le contraste avec la magie est flagrant et total. Dans la magie, on cherche à réaliser un bonheur immédiat en s’emparant du bien désiré par un acte de puissance. Nous avons là un écho du péché des origines où l’homme voulut être comme Dieu, sans recevoir le don de Dieu mais en s’en emparant. Pour cette raison, la pratique de la magie traduit de fait un rejet de Dieu. Pour cette raison, elle est une disposition favorisant l’action du démon sur les personnes qui la mettent en œuvre ou en bénéficient.

Celui qui s’abandonne à Dieu dans la prière, qui cherche à vivre selon sa volonté dans une relation d’amour avec son Seigneur, recevant fréquemment les sacrements (Eucharistie et pénitence), sait qu’il n’a pas besoin de s’emparer du bien désiré. Son Père qui est aux Cieux sait bien ce dont il a besoin. De plus, cette vie d’union à Dieu le protège grandement des attaques de l’ennemi et lui permet de ne pas vivre dans la peur qu’on lui fasse du mal. Si nous avons été exposés à la magie, volontairement ou involontairement, il est toujours possible d’aller voir un prêtre pour être libéré de l’emprise du démon sur notre vie. Dans la Bible il est nous est dit : « nous arrachant au pouvoir des ténèbres« , Jésus est venu pour nous conduire « dans la lumière« . »

Père Jean-Baptiste Edart

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