A voir l’état du monde, certains se demandant : que fait Dieu ? Est-il en vacances ? Se contrefiche-t-il de la situation des hommes et des femmes qui souffrent d’injustice, de faim ou de la guerre ? D’autres – et nous ne les condamnons pas – en viennent à rejeter l’existence de Dieu. Je voudrais, si vous le permettez, retourner la situation.
Face aux mauvaises nouvelles des JT, face à la bêtise des réseaux qui voudraient être sociaux, face aux personnes bonnes qui commettent des erreurs, lâchetés, saletés et bassesses ; comment ne pas voir… le mal ?! Au lieu d’y voir l’absence, l’impuissance ou le silence de Dieu ; j’y vois plutôt la présence tenace, pernicieuse, vicieuse et néfaste du diable. Car le diable existe ! Et comme le relevait bien Baudelaire, sa « plus belle des ruses est de vous persuader qu’il n’existe pas. » Mais il existe. D’ailleurs, vous le connaissez. Hé oui, c’est lui qui vous susurre les pensées mauvaises, égoïstes et malveillantes. Le Bon Dieu, lui, est bon. Ce qui est bon vient de lui. Ce qui est mauvais vient de l’autre. N’oublions pas que le monde n’est pas tel que Dieu le voulait et le fit. Il est changé par l’homme.
Mal de l’homme, mal de Dieu ?
S’il paraît possible d’admettre que l’homme, tenté par le démon, est à l’origine de beaucoup de mal, comment expliquer les injustices, les catastrophes naturelles et la maladie ? Mesdames, messieurs, convoquons la liberté ! Est-ce le froid seul qui tue les sdf ? ou bien nos cœurs durs, nos portes closes et nos systèmes de jungle ?
Dieu ne voit pas les choses de la même manière que nous. Et c’est normal. Dieu voit plus grand, dans l’espace et dans le temps. Dieu voit avec miséricorde. Il aime. Et parce qu’il nous aime, Il fait avec nous. Avec nos forces, notre générosité, nos efforts… et avec nos faiblesses, nos peurs. Si l’accident de la route, injuste, brutal et douloureux, peut s’expliquer par l’inconscience, l’alcoolisme ou l’égoïsme d’un chauffard ; que dire d’un enfant mort-né ? Comment y voir l’amour de Dieu ?
Dieu dépasse notre souffrance
Si nous nous plaçons du côté de notre seule souffrance, c’est l’incompréhension, parfois violente. L’homme du XXIe siècle a un léger souci avec la souffrance : il la refuse. Dans un déni irréaliste. Or, la réalité c’est que la souffrance se dépasse, laisse place à la joie, à la fécondité. Cf l’accouchement.
Encore une fois, Dieu est différent de nous. Dieu ne veut pas abolir notre souffrance. Il veut l’habiter. L’accompagner et la transformer. Depuis la faute originelle où Adam et Eve ont refusé de faire confiance à Dieu, Dieu reste fidèle à l’homme en nous guidant, consolant, inspirant. Si nous le refusons, comment s’étonner du mal qui grandit dans le monde ? Dieu veut la paix et la joie. Il y a eu une faute originelle, l’homme a voulu prendre la place de Dieu. On fait de même aujourd’hui. Ceci suscite la souffrance et les douleurs. Mais Dieu veut toujours la paix et la joie. Et nous la propose, à travers un chemin au-delà des épreuves. Et elle s’accueille ! La joie et la paix peut demeurer en nous, irriguer et transformer nos vies. Par le péché, le diable veut nous couper de Dieu, donc de l’Amour. Mais chaque homme, chaque femme, chaque cœur, chaque âme et chaque conscience peut refuser le mal, rejeter les mensonges, séduisants ou apeurants ; et choisir le bien. Parce qu’il est libre. Et la liberté, celle des enfants, n’est pas d’avoir le choix de faire mon petit acte égoïste dans mon coin. Non, ça c’est une liberté de pacotille. Laissons-là à quelques philosophes médiocres. La liberté est la capacité de choisir le bien.
Résumons
A la question « Que fait Dieu ? », il faut chercher réponse. Pour reprendre les mots d’Abraham Lincoln, « j’arrive à comprendre qu’il soit possible de regarder la terre et d’être athée ; mais je ne comprends pas qu’on puisse lever, la nuit, les yeux sur le ciel et dire qu’il n’y a pas de Dieu. » Je repense aussi à cet inconnu qui avouait avec honnêteté qu’il demandait parfois à Dieu pourquoi il acceptait et laissait faire la pauvreté et la faim dans le monde ; mais il avait peur qu’Il lui renvoie la question.
A voir le mal en ce monde, ce n’est pas l’absence de Dieu qui est alors visible, mais la liberté mal usée de l’homme. A voir le monde, Dieu est bien visible. Dans le bien qui se construit, sans bruit.